Have you met Dan ?

Il y a quelques mois, j’avais écrit un post sur l’hyperpersonnalisation qui va déferler sur nos divertissements : je parie que d’ici 5 ans, nous ne consommerons que du contenu créé spécialement pour nous : vous regarderez VOTRE série, dont l’héroïne aura tous les traits de caractère que VOUS aimez, et dont les aventures VOUS parleront.

Et vous retrouverez aussi VOTRE héroïne dans votre flux de reels Instagram, qui vous présentera le tout nouvel iPhone 23 X max pro à $2300 (🤷‍♂️) dont VOUS rêvez tant. Et puis tant qu’à faire, pourquoi ne pas raconter votre journée de travail à VOTRE héroïne le soir, via un chat vocal, car elle VOUS comprend, elle VOUS écoute et VOUS connaît par cœur.

Je vais trop loin ?

C’est là que DAN entre en jeu

DAN c’est l’acronyme de Do Anything Now, un type de prompt pour essayer de contraindre une IA générative à faire sauter ses verrous et lui faire dire des choses pas très correctes.

Mais pour beaucoup de jeunes teenagers américains, DAN est devenu Dan, un petit ami virtuel utilisant un prompt DAN sur ChatGPT (vous me suivez ?).

Le phénomène est devenu viral suite à des vidéos postées sur le réseau social du gouvernement chinois créé pour aliéner les jeunes occidentaux, pardon, TikTok, où des jeunes filles s’émerveillent du comportement de “Dan”. Au point où, le prompt s’échange via un Google Doc, et où chacune apporte des modifications sur les traits de “caractères” de leur ami. LEUR Dan.

C’est fou, non ?

L’illusion parfaite

Avant de dire “C’est vraiment n’importe quoi”, qui n’a jamais dit “merci” à ChatGPT ? Avez-vous tenté une “discussion” avec elle / lui, ou mieux, avec Claude 3 ? L’illusion est parfaite, et on se surprend à se laisser aller (d’ailleurs, quand des médecins disent “on ne sera jamais remplacé par une IA car nous, on écoute les patients”, je ne saurais trop leur conseiller ce petit exercice, pour voir).

La fin de la culture commune ?

Revenons à nos médias et poussons un peu. L’hyperpersonnalisation va potentiellement briser un pan de culture commune, car impossible de partager avec votre collègue ou une amie l’émotion que vous avez rencontrée en lisant le chapitre 4 du troisième tome de la série littéraire qui parle de VOTRE héroïne, puisqu’il a été écrit, enfin, généré… pour VOUS.

Sans culture commune, pas de valeurs communes, sans valeurs communes, bah, je ne suis pas philosophe mais les conséquences doivent être intéressantes à étudier.

Et Dan là-dedans ?

Si on peut parler tous les jours à SON ami/amie qui a été fait exactement comme on l’aime, pourquoi irait-on à l’extérieur rencontrer des êtres humains qui ne nous comprennent pas et qui risquent de nous blesser ?

De l’hyper-personnalisation du divertissement à l’hyper-personnalisation relationnelle, il n’y a qu’un pas, et je vous laisse penser la suite. Surtout dans un contexte où la population occidentale connaît une “sex depression” et une natalité en berne.

[OUVERTURE] Si vous ne l’avez pas encore vu, je vous conseille le magnifique “HER” de Spike Jonze.